Le SCOT privatise la Loire-Atlantique
13 octobre 2016
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Accusé par la commission européenne de saucissonner le projet de Notre-Dame-des-Landes, c’est-à-dire de le découper en morceaux pour en minimiser les impacts sur l’environnement, l’Etat Français a annexé au futur Schéma de Cohérence Territoriale, abrégé SCOT ou SCoT de Nantes-Saint Nazaire la réponse qu’il entend faire à l’Europe.

Le document appelé « Synthèse environnementale du projet d’aéroport du Grand Ouest » est, avec l’ensemble de projet de SCOT soumis actuellement à enquête publique jusqu’au 21 octobre. Il est donc temps de prendre la plume et de soumettre aux commissaires enquêteurs nos remarques sur les
1 378 pages qu’il nous est donné à lire en suivant ce lien :
http://www.nantessaintnazaire.fr/enquete-publique-scot/
(L’ensemble comprend beaucoup de redites et une abondante phraséologie)

Le SCOT se donne des objectifs nobles :

1. Favoriser le bien être de la population,
2. Garantir le fonctionnement de l’espace économique et le développement de l’emploi,
3. Protéger l’environnement.

Favoriser le bien être de la population ?
En incorporant le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le SCOT est loin de favoriser le bien être de la population. Un aéroport profite à une petite partie de la population et celle-ci dispose déjà d’un aéroport à Nantes Atlantique. Par contre, le budget investi dans l’aéroport et ses projets connexes priverait la population d’un grand nombre d’équipements nécessaires à son bien être : crèches, rénovation d’écoles, hôpitaux, maisons de retraite… De plus la destruction de terres agricoles tient d’une vision court termiste : les terres agricoles sont en train de disparaitre très rapidement et le bien être commence par l’alimentation. Favoriser le bien être de la population demanderait donc de rénover les infrastructures qui existent déjà et d’investir dans de véritables projets d’avenir qui profitent à l’intérêt général.

Garantir le fonctionnement de l’espace économique et le développement de l’emploi ?
Les conséquences du départ de l’aéroport existant sur l’emploi et l’économie au sud de Nantes, sont oubliées du projet de SCOT. La zone aéroportuaire existante est pourtant très dynamique économiquement et la ville de Bouguenais, où est implanté l’aéroport, souligne dans son Plan Local d’Urbanisme que « la présence de l’aéroport encourage l’implantation d’entreprises et crée une dynamique pour le développement économique de la commune ».
En effet, cette zone bénéficie de l’implantation d’une usine Airbus, d’un IRT, du siège mondial de Alstom-Général Electric énergies Marines renouvelables, d’une usine Daher et d’un tissus socio-économique de plus de 70 PME.
Au total, la zone aéroportuaire compte environ 8 300 emplois pour lesquels l’équipement aéroportuaire existant est un atout. L’aéroport constitue un moteur privilégié pour le développement économique régional, il est pris en compte pour le choix des localisations d’entreprises internationales comme Airbus, Daher ou GE.
Par ailleurs, très peu d’aménagements seraient nécessaires autour de l’aéroport actuel pour développer ce pôle économique international attractif (voir travaux de l’Atelier Citoyen sur le sujet : http://www.ateliercitoyen.org/index.php/category/economie/ ).
L’impact socio-économique du départ de l’aéroport n’a jamais été étudié et la CCI reconnait déjà le déséquilibre entre le Nord et le Sud de Nantes du point de vue de l’emploi. Cette délocalisation ne créerait pas d’emplois, au contraire. Elle fragiliserait en outre le tissu économique local et ne ferait que déplacer au minimum 2 000 emplois liés directement ou indirectement à la plateforme aéroportuaire existante.

Protéger l’environnement ?
En détruisant 1 600 hectares de territoire agricole, d’espaces naturels et de zones humides, il est impossible d’affirmer que le projet d’aéroport protège l’environnement.
Les abondants travaux des naturalistes ont montré la richesse biologique «incompensable » du bocage et des zones humides de Notre-Dame-des-Landes. Cette zone préservée depuis plus de 40 ans de toute politique d’aménagement a conservé une faune et une flore riches en diversité. Les naturalises y ont recensé 1 500 espèces dans cet espace souvent dépeint comme ordinaire. Il est selon les naturalistes du même niveau que les sites Natura 2000 du département. On y trouve, par exemple, des tritons marbrés, des crossopes aquatique, des tritons de Blasius, des campagnols, des buses variables… la présence d’espèces de plantes protégées doit aussi être notée comme la renoncule Grand Douve, la Rossolis à feuilles rondes, la Sibthorpie, la Calamagrostis des marais…

Un SCOT en faveur d’intérêts privés

Contrairement aux belles intentions énoncées en préambule, le projet de SCOT favorise des intérêts privés au détriment de l’intérêt général et de l’environnement. Même si l’aéroport du groupe Vinci, est un projet dépassé digne des 30 glorieuses, l’infrastructure se trouve au cœur du projet territorial de Nantes-Saint-Nazaire. Il fonctionne comme la « tête de gondole » d’un vaste projet de développement immobilier et commercial vers le nord de Nantes. L’aéroport est le seul projet phare du SCOT de Nantes Saint-Nazaire. Il est à la fois destructeur de terres agricoles et facteur d’étalement urbain.
L’étude des documents d’urbanisme montre que de nombreux projets entre Nantes et Notre-Dame-des-Landes spéculent sur l’arrivée prochaine de cet aéroport et des infrastructures qui accompagnent sa construction, continuant progressivement le massacre des terres agricoles et des espaces naturels par un étalement non maîtrisé de la métropole nantaise (cf cahier urbanisme de l’Atelier Citoyen).
Il ne s’agit pas de développer durablement la région mais bien de donner la possibilité aux investisseurs et aux promoteurs de bénéficier de l’étalement urbain et du grignotage des campagnes au lieu d’investir durablement dans le renouvellement urbain. L’agglomération nantaise est une des villes les moins denses et des plus embouteillées de France. En 50 ans, le territoire de l’agglomération nantaise s’est étendu en tache d’huile, il a été multiplié par 3,5 et sa densité moyenne a chuté, passant de 72 à 34 habitants/hectare urbanisé. A l’instar des cités de banlieue, des grands centres commerciaux et des zones pavillonnaires, l’agglomération nantaise s’étend avec un grand gâchis d’espace. Il en résulte d’importantes dépenses collectives pour financer la voirie, les réseaux, l’éclairage public, ainsi que l’entretien de l’espace public.
Si l’urbanisation des terres agricoles est plus rentable pour les promoteurs privés que la rénovation urbaine, combien coûte la constitution de cette trame lâche et étendue pour la collectivité ?
Quelles sont ces conséquences en termes d’embouteillage, de pollution de l’air, de qualité de vie, de lien sociaux et de pertes de productions agricoles ?

Profitons de cette enquête publique pour nous exprimer et montrer notre indignation face à la disparition de l’intérêt général et la privatisation du bien commun !