Etude des Naturalistes en lutte, Janvier 2014

Avec un an de travail sur le terrain et d’étude des dossiers réalisés, les experts des naturalistes en lutte ont montré la richesse «incompensable » du bocage et des zones humides de Notre-Dame-des-Landes.

Etude des Naturalistes en lutte

D’autre part, concernant l’aéroport existant de Nantes-Atlantique, Loïc Marion, chercheur au CNRS, spécialiste de l’écologie de ce lac depuis plus de 40 ans et premier directeur de la réserve naturelle de Grand-Lieu, a écrit dans un courrier à Claude Chereau, Président de la Commission du Dialogue que le projet d’aéroport menaçait aussi la réserve naturelle de Grand-Lieu et ses abords. Il écrit :

 «  (…) Je crois donc pouvoir affirmer que l’argument concernant les menaces que feraient porter l’actuel aéroport sur le lac de Grand-Lieu est non seulement faux, mais que ce déménagement de l’aéroport aura exactement l’effet inverse.
L’actuel aéroport de Château-Bougon menace-t-il la faune du lac de Grand-Lieu ?
Les avions commerciaux ne gênent nullement la faune du lac de Grand-Lieu puisque son survol s’effectue à plusieurs centaines de mètres de hauteur, bien au-delà des 300 m d’interdiction réglementaire de survol aérien de la réserve. Les oiseaux notamment ne réagissent absolument pas à ces passages auxquels ils sont depuis longtemps habitués (rien à voir avec des hélicoptères). En outre, le survol du lac s’effectue essentiellement en vol d’atterrissage, moteurs au ralenti et pratiquement silencieux avec les avions actuels, tandis que les décollages prennent très vite de la hauteur et généralement bifurquent avant d’atteindre le lac. Je n’ai constaté une gêne des oiseaux qu’à l’occasion des baptêmes de l’air exceptionnels du Concorde. Dans tous les dossiers de protection du lac évoqués précédemment, tout comme dans les ouvrages scientifiques, je n’ai jamais évoqué le moindre problème soulevé par l’aéroport de Nantes-Château-Bougon, bien que ne m’étant jamais privé de dénoncer les multiples atteintes environnementales que subit ce lac.
Y-a-t-il pollution du lac de Grand-Lieu par les avions ?
Concernant la question de la pollution aérienne, je n’ai jamais réussi à avoir confirmation de largages de kérosène en phase d’approche sur le lac, dont l’existence aurait d’ailleurs été immédiatement visible par des irisations sur l’eau. Au contraire, il m’a été indiqué que ces largages concernent essentiellement les aéroports pour lesquels il existe une forte probabilité de liste d’attente à l’atterrissage, pouvant atteindre plusieurs dizaines de minutes comme pour les aéroports parisiens, ce qui oblige les avions à garder une réserve de sécurité pour tournoyer, ce qui n’est pas le cas à Nantes (atterrissage direct). Quand bien même il y aurait largages, ils seraient effectués bien avant le lac, à hauteur élevée, de façon à provoquer une brumisation qui n’a que peu de risques d’atteindre le sol. Enfin, les avions en phase d’atterrissage longent la côte orientale du lac, dans l’axe de la piste, et les vents dominants pousseraient les vapeurs de kérosène hors du lac, tout comme la pollution générée par les moteurs. Tant les études menées pour la constitution du Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux du bassin du lac de Grand-Lieu, que celles que j’ai conduites pendant de nombreuses années sur le bilan entrées-sorties des pollutions sur le lac, n’ont pas mis en évidence une pollution du lac due aux avions. La véritable menace pesant sur ce lac est l’activité humaine, notamment la pollution d’origine agricole sur son bassin versant (…)
Les menaces environnementales indirectes liées à l’abandon de l’actuel aéroport
A l’inverse, le déménagement de l’aéroport représentera une menace environnementale considérable pour l’avenir de tous les terrains situés entre les pistes et le lac, qui bénéficient actuellement d’une interdiction ou d’une limitation drastique des constructions (Rezé, Nantes, St-Aignan de Grand-Lieu, Bouguenais, Bouaye), reprise dans les POS ou les PLU, qui sera levée puisque leur constructibilité est revendiquée par Nantes Métropole comme argument du déménagement. La superficie totale des terrains concernée par la réglementation sur le bruit concerne 600 ha. La zone tampon entre l’aéroport et le lac en sera gravement altérée. Déjà, la municipalité de Saint-Aignan revendique de pouvoir faire une jonction urbanistique entre le bourg actuel et le lac de Grand-Lieu (cf. l’exposition actuelle en mairie et les projets confiés à des architectes en ce sens), ce qui est totalement contraire à l’esprit de protection des abords du lac suivi depuis plus de 30 ans. Un lotissement de 125 maisons est déjà programmé. Quid également de la zone militaire aéroportuaire importante protégeant actuellement le parc et les bois du château de Bougon, en limite de pistes (le château servait au logement des gendarmes de l’aéroport), qui constitue de par sa fermeture totale au public une réserve naturelle de fait ? (…)
En conclusion
Les impacts directs futurs du déménagement de l’actuel aéroport sur l’urbanisation de terrains périphériques actuellement inconstructibles donc maintenus naturels, notamment les terrains situés entre l’aéroport et le lac de Grand-Lieu, mais aussi l’impact sur l’avifaune du lac et celle de l’estuaire de la Loire de la construction inévitable a terme d’un nouveau franchissement de cet estuaire, devraient être inclus dans le coût environnemental du projet d’aéroport à Notre Dame des Landes, ce qui n’est pas le cas actuellement. »

Lire le texte complet : Le projet d’aéroport menace aussi la réserve naturelle de Grand-Lieu et ses abords